Le jour venu, tout le clergé de Mercure paré de ses plus beaux atours est réuni devant le temple de mercure dans le Quirinal. Les habitants du quartiers ont décoré les façades des domus et îlots d’habitations, tous attendent fébrile le départ de la procession.
Entouré du grand Prêtre Melchior Redorus et de ses acolytes les plus proches, le Flamine Fugitivus lève son bâton de pèlerin pour annoncer le départ de la procession. Les novices entonnent des chants religieux tandis que d’autres ouvrent le chemin en répandant de l’encens (pour purifier les lieux et éloigner les esprits malins) devant une statue de mercure peinte d’or que portent des prêtres à l’allure sentencieuse. Les animaux sacrificiels suivent, sans s’inquiéter de leur funeste sort, menée par la main rassurante des sacrificateurs.
La procession part d’un bon train, et, longeant les jardins Flavia du sénateur Poussinus s’engage dans la grande avenue traversant les quartiers d’Argilete et de Subure avant de bifurquer vers le sénat de Rome et le forum. Ensuite la procession traverse le quartier du Velabre et prend au Nord vers le temple de Mercure Capitolin. Pendant le parcours,le collège des prêtre de Mercure s’arrête à chaque carrefour afin de bénir les lieux pour que nul ne s’égare et que les lares des carrefours soient honorés. Les boutiques, échoppes, ateliers reçoivent tous une attention particulière, les prêtres assurant la protection et la bienveillance de Mercure pour les affaires des commerçants, marchands et boutiquiers. Des novices recueillent les offrandes et les portent dans un chariot à l’usage spécifique.
Au temple de Mercure Capitolin, les novices déversent alors les offrandes sur les marches du temple du haut desquelles le Flamine Fugitivus prend la parole.
« Citoyens ! peuple de Rome !L’hiver touche à sa fin, le printemps s’annonce, bien qu’encore timide !
Réjouissez vous, le temps des affaires revient !! Réjouissez vous car bientôt la campagne refleurira et nous nous enivrerons du parfum des fleurs sous une douce chaleur ! Choyez vos chevaux, préparez vos chariots, il est temps de repartir en voyage ! Oui, le printemps est le symbole des forces du renouveau, il annonce la fin de la morte saison ! Il nous dit : « Ne perdez pas espoir, car tout est fait selon la ronde des saisons !Après l’orage, le beau temps ; après l’hiver, le printemps ! Si nous connaissons des jours mauvais, il suffit de savoir que la chaleur reviendra et qu’il n’est nul mal qui ne connaisse un bien encore plus grand ! Ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort, et il en va ainsi de Rome et de la République !
Ho oui ! Rome à subit l’inacceptable, chaque atteinte portée contre elle renforçant notre sentiment d’horreur ! Mais soyez certain que cela aussi prendra fin ! Que nos ennemi sachent que Rome se relève, que le voyageur s’apprête à prendre la route ! Avec son bâton il se fraiera un chemin dans les ronces de l’obscurantisme, il fracassera la têtes des bandits et mécréants ! Oui, que Rome se relève d’une saison morne et sombre et qu’elle lève son regard vers un avenir radieux ! OUI citoyens, fils de Rome ! Levez la têtes vous aussi fiers fils de la Louve !
Car si l’ennemi à percé nos cœurs de ses vils coups de poignards, il n’a pas réussi en son œuvre ! Le sang que nous avons perdu, c’est celui du sacrifice qui se répand pour mieux nous purifier ! Le sang d’un tribun, celui d’un consul, et enfin d’un Flamine ! Le Peuple, le Sénat, et nos Dieux ! Le Sénat et le Peuple de Rome sous le regard des Dieux ! Voilà ce que représente le sacrifice du Consul Flaminius, du tribun Caelius et du Flamine Ovatorius ! Ils représentent les trois Ordres de Rome, le fondement de notre République ! Et c’est ensemble que nous relèveront le défi qui nous est présenté, ou c’est ensemble que nous périront ! Il n’y a pas d’alternative à cela car les Dieux en ont voulu ainsi !
Romains, regardez au fond de vous même, regardez ce qui obscurci vos cœurs ! Il est temps que les loups retrouvent l’esprit de la meute, l’esprit du clan, et que nous marchions tous ensemble pour faire trembler nos ennemis. Ils ont semé en nous la zizanie, troublé nos esprits ! Mais ce temps là est fini, sous le regard des Dieux !
En ce moment où je vous parles, des serviteurs de Rome, sénateurs et équites rendent hommage à Mercure dans les provinces de la République, donnant le signal que Rome à reprit son bâton de pèlerin ! Qu’ils soient remerciés, les sénateurs Phoebus, Vanstenus, Orlenus, Junius, que le navarque adjoint de Rome Carneus Tibérius soit remercié pour sa contribution, ainsi que l’ordre Equestre !!
Et vous, Mercatores, plus que jamais la République à besoin de vous !Car je vous le dis, nous sommes en guerre contre ceux qui veulent nous affaiblir et voir renaître de ses cendres la Royauté ! Nous tous, citoyens de Rome, nous ne devons pas oublier que nous sommes aussi les défenseurs de la République, les Boucliers sur lesquels viendront se briser les assauts répétés de nos ennemis ! Oui, mes amis, vous êtes les fils de Mercure, vous êtes ses soldats ! Car qui mieux que vous connaît les routes de notre République, qui mieux que vous connaît ses provinces ! Vous êtes les yeux et les oreilles de Rome, vous êtes accueilli partout, par des clients, des confrères ! Oui, Rome à besoin de vous et de vos alertes ! Sans vous, Tradamos aurait eu de larges années devant lui encore ! Parlez en lors de vos assemblées, prévenez vos maîtres de sodalités, alertez vos magistrats ! Ensemble, nous verrons nos ennemis venir, et nous percerons leurs plan !
UNIS ! C’est ainsi que nous devons être, c’est ainsi que Rome se relèvera !»
Après le discours du Flamine, c’est au tour du Grand Prêtre Melchior Redorus d’officier en donnant une prière, suivie d’une bénédictions s’adressant en premier lieu au Mercators et voyageurs, et à tous ceux qui chérissent la République.
Suivant la prière viennent les sacrifices : le sacrificateur d’un geste ancestral abat deux béliers, l’un tout noir, l’autre tout blanc qui symbolisent la lutte du bien contre le mal. Pour clore cette première cérémonie, une truie bien grasse est ensuite sacrifiée, pour attirer la bonne fortune, la prospérité pour les affaires l’année à venir. Mais cela n’est pas fini, car déjà, le cortège se remet en route, et se dirige vers l’île Tibérine, où il retrouve le Cortège de Neptune.
Les cérémonies en l'honneur de Neptune avait commencé en même temps que les cérémonies de Mercure, au temple de Neptune Palatin. Ce groupe avait commencé par des cérémonies et des sacrifices, notamment des taureaux, pour honorer le dieu. Les marins ainsi que les commandants de la flotte d'Ostie, et en premier lieu le navarque Maximus Fabius, étaient venus afin d'attirer sur eux la protection de leur divinité. Au groupe se joignait évidemment les badauds soucieux de se concilier la faveur du terrible et sévère dieu.
Le Prêtre lança une prière et les sacrifices furent faits. Tiberius Carneus profita cependant de la foule assemblée pour s'adresser à elle :
« Peuple de Rome, et vous, gens de la mer ! Nous sommes aujourd'hui réunis pour rendre grâce au terrible Neptune qui règne sur les mers et les eaux, fait trembler la terre et protège nos chevaux ! Gloire à lui ! Qu'il voit la ferveur du peuple de Rome ici assemblé et nous accorde sa bienveillance. Nous lui avons offert de beaux et gras taureaux, car rien n'est trop beau pour les dieux. Puisse-t-il en retour nous conserver la pax deorum et abattre sa colère sur les hommes impies. Que son trident majestueux viennent secourir nos bateaux et engloutir les ennemis de la République.
Aujourd'hui est un grand jour ! C'est non sans joie que je le partage avec vous. Et notamment vous, commandants, capitaines, marins de notre flotte ! Qu'il me soit permis ici de vous rendre hommage et de dire devant tous et devant les dieux que nous pouvons être fiers de vous !
Mais les cérémonies ne sont pas terminées. Nous avons rendu grâce au terrible Neptune. Partons maintenant, dans une merveilleuse procession à travers la ville, pour retrouver le clergé de Mercure et se rendre ensuite à Ostie, comme le voulait l'antique tradition que nous avions délaissée ! Restez avec nous, venez accompagner le dieu jusqu'à la mer, jusqu'à son Royaume ! »
Ayant parlé, le Navarque-Adjoint rentre dans le rang. Il donne l’accolade au navarque Maximus,et laisse le Grand Prêtre prendre la direction de la procession à travers la ville pour partir à la rencontre du clergé de Mercure, retrouvailles qui marquèrent le retour d’une vieille tradition mise en place par le Consul Flaminius.
Ce fût alors l’occasion d'un second sacrifice à Neptune avant que le cortège prenne place sur les embarcations qui lui feraient descendre le Tibre jusqu’à Ostie.
Le peuple était massé sur les berges et jetait des fleurs vers le cortège qui glissait lentement sur le fleuve.
Arrivés à Ostie les clergés furent accueillis par les acclamations d’une foule immense et par les officiers de la flotte en tenue d’apparat. Les navires à quais, du moindre bateau de pèche jusqu’aux puissantes Trirèmes, étaient somptueusement décorés, tandis que les marins de la Flotte se tenaient en rang et avec discipline devant leur navire.
Le Flamine de Mercure, le Sénateur Fugitivus, les grands prêtres de Mercure et de Neptune, ainsi que le Navarque prirent place sur une tribune montée pour l’occasion.
Le Navarque prit alors la parole :
« Citoyens ! Pêcheurs ! Voyageurs ! Marchands ! Soldats ! Nous sommes très heureux de vous voir tous réunis ici pour rendre hommage ensemble à nos Dieux.
En effet, nous ne fêtons pas seulement le retour du printemps aujourd’hui ou le retour des beaux jours, mais biens le début d’une nouvelle ère pour notre République.
Après le chaos et l’impiété, nous sommes ici tous ensemble, unis comme un seul homme, pour célébrer nos Dieux ! Et cette union, après tout ce que nous avons enduré, je la trouve magnifique. Si elle est possible aujourd’hui, c’est grâce à vous, vous qui avez porté les armes courageusement, qui avez lutté contre la corruption qui nous envahissait et qui avez durement travaillé, oui c’est bien grâce à vous qu’aujourd’hui nous pouvons célébrer cette nouvelle époque, je vous en remercie et je m’incline devant vous.
Mais ne nous leurrons pas, il y a encore beaucoup à faire pour donner à Rome la splendeur qu’elle mérite, mais je suis sûr qu’ensemble nous y parviendrons par la piété et le courage !
Nos deux Clergés vont maintenant bénir tous les navires et marins du port pour que les Dieux vous accordent leur protection. »
Les membres des deux Clergés passèrent alors devant chaque navire et devant chaque équipage pour les bénir et leur accorder la protection divine.
Les offices effectués, le cortège remonta le fleuve poussé par un miraculeux vent arrière jusqu’à l’île Tiberine où les deux clergés se séparèrent et rejoignirent leur temple respectif, toujours sous les ovations de la foule.
Ce fut alors le début de grandes festivités qui durèrent une bonne partie de la nuit !
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