Campagne Anare

Un article de RomeWiki.

Récit de la campagne romaine en pays Anare par les consulaires Fugitivus et Publicola, retranscrit par le censeur Darus.


Sommaire

Préambule

En guise de préambule à mon intervention, je tiens à remercier nos Dieux.

Jupiter Victor pour avoir conduit nos troupes à la victoire, Mars Ultor pour avoir armé le bras de nos légionnaires, et à Mercure, messagers des Dieux qui m'a inspiré durant cette campagne.

Je tiens aussi à remercier le peuple de Rome pour avoir répondu à mon appel et pour le tribut qu'il a payé. Qu'ils sachent que les frères tombés sur le champ d'honneur n'ont pas offert en vain leur vie, et que leur courage est maintenant reconnu bien en dehors des frontières du royaume Anar.

Mes remerciements vous concernent également, mes pairs, pour votre confiance renouvelée, quelles que soient vos ascendances. Cette confiance que vous m'aviez accordée, je ne pouvais pas la trahir. Elle fut ma force, ma conscience !

Enfin mes pensées vont tout particulièrement vers ceux qui ont partagé avec moi cette aventure guerrière. Le consulaire Publicola, les sénateurs Petronius et Flavius. Qu'ils sachent que je n'oublierais pas leur fidèle collaboration.


Rappel du premier rapport au Sénat

Je me permet de relire ici le premier rapport que j'ai fais parvenir au sénat ; il couvre donc la première partie de notre campagne militaire en royaume Anars, de la date de notre arrivée au début de l’automne à l’hiver 353.

La collaboration avec la flotte Massaliote et leurs troupes au sol s’est passée à merveille. Ils étaient commandés par le général Essos

Nous avons débarqué à environs 30 km à l’Est de Gênes dans une crique protégée des vents. Les premiers contacts avec les habitants des régions côtières furent positifs, et nos hommes chaleureusement accueillis et aidés. Nous pûmes ainsi gagner Gênes, principale citée portuaire de cette côte, dont la bouillante activité me fit penser aux citées côtières de Lucanie et de Calabre. L’accueil des dirigeants Génois fut également des meilleurs, ce qui permit à nos légions de s’installer dans les meilleures conditions possibles. Leur port fut également mis à disposition de nos navires et de la flotte alliée et je gage que nos relations futures s’établiront sur la base d’une confiance mutuelle.

Nos premiers travaux furent d’organiser une ligne de ravitaillement qui permettra à nos alliés massaliotes de fournir des vivres à nos légions tant que dureront les opérations. Leur général est un homme consciencieux et efficace, à l’égal de l’organisation mise en place. Nos alliés nous ont également fourni des éclaireurs et des traducteurs ; très rapidement se constitua un corps d'anares volontaires, 200 hommes venant de Gênes et des villages côtiers du pays Anars.

Le consulaire Publicola a fait preuve à mes côtés d’une grande efficacité ; ses conseils judicieux et son expérience firennt de lui un atout précieux.

Des renseignements acquis, il apparaît que le prince Dumnorix est un homme sage et compétent, alors que son demi-frère, le prince Vercassivelaun est craint. « Craint pour ses colères, son envie, sa fougue, démesurées et incontrôlées. Il est encadré d'officiers peu reluisants, mais d'un général d'exception, Menaum, froid,calculateur et cruel. »

Nous localisâmes la zone de conflit vers le Nord-Est du pays, ce que nous confirma un messager envoyé par l’ambassadeur Flavius, missionné auprès du prince Dumnorix.

Les légions furent donc levées alors que l’hiver s’annonçait, avec comme obstacle principal d’avoir à traverser la barrière des Appenins. A la sortie de ceux-ci, nous gagnâmes à notre cause les citées de Libarna et Caristum, qui virent notre arrivée avec soulagement.

De là, nous tentâmes de localiser les belligérants. Notre ennemi est particulièrement retors, et il s’en est prit férocement à nos éclaireurs. J’ai ainsi la douleur de vous apprendre que 49 de nos cavaliers, partis en mission de reconnaissance, ont trouvé la mort au cours de peu nobles embuscades. Toutefois, nous avons pu localiser le prince Dumnorix et lui faire parvenir un message. Il put ainsi se replier sur nos positions avec ses forces, ce qui permit à nos deux armées de se réunir.

L’armée du Prince Dumnorix compte environs 6000 hommes, et d’après lui, les troupes de l’usurpateur comptent à peu près 10 000 hommes dont une cavalerie de plusieurs milliers d’hommes. Les forces sont donc en notre faveur, mais il faudra se méfier du général Menaum lequel pratique une guerre peu usuelle.

A cette heure, nous fortifions nos positions en attendant que l’hiver se passe, et j’escompte que la fin du printemps nous portera des réponses quand à la résolution de ce conflit. En attendant, la cohabitation entre nos armées se passe bien et je compte bien mette l’hiver à profit pour tout connaître des tactique de nos ennemis.


Précisions sur la flotte

Je vais me permettre quelques précisions, et en premier lieu pour rappeler le rôle joué par notre flotte de guerre. Ce conflit n'était pas maritime et, mis à part Gênes, le Pays Anar ne connait pas de port digne de ce nom. Et Gênes nous était acquise dès le début.

Cependant je vais rappeler l'incertitude que nous avions de la position Carthaginoise à la veille du conflit, où nous craignions que le parti punique hostile à Rome envenime nos relations avec le Suffète Hannibal. Et de ce fait il nous fallait retenir la possibilité d'une aide punique en faveur de Vercassivelaun qui serait parvenue par voie de mer.

C'est pourquoi j'avais donné des ordres au navarque Plinius Victor Lucius de surveiller les côtes Anars, et de faire au mieux pour qu'aucune aide ne parvienne au prince usurpateur.

je sais que la tâche fut délicate, et que nos marins furent mis à rude épreuve. Car nous connaissons tous la grandeur de la flotte punique, et une réaction négative de leur part aurait donné au conflit une nature toute autre.

C'est pourquoi je tiens ici à remercier ici le navarque Plinius Victor Lucius et le navarque adjoint Carneus Tiberius et tous nos marins qui composent notre flotte. Je soulignerais ici leur courage et leur sang froid, qualité qui en plus d'une grande discipline sont le ciment d'où naissent les grandes armées.


Printemps 354 : premiers mouvements et considérations stratégiques

Ce printemps 354 commença par une longue phase de renseignements et de préparatifs, d'entraînements avec nos légions et l'armée du prince Dumnorix.

Avec mon état major, nous avons examiné les tactiques de l'ennemi, que nous avions durement éprouvé avec nos éclaireurs. Il est apparu que Vercassivelaun évitait dans un premier temps les grandes batailles. Cela explique que le prince Dumnorix ait pu tenir jusqu'à notre arrivée. Donc, au lieu d'affronter ses adversaires en terrain dégagé, il prenait soin de les amener en terrain couvert, où ses hommes pouvaient se cacher en profitant de collines boisées. Pendant que ses fiers guerriers lourdement armés mais peu nombreux attiraient le parti adverse, ses guerriers légers profitaient du couvert des bois pour encercler leurs ennemis et donc les prendre sur le revers et ses flancs.

Cependant, j'ai la quasi certitude que si Vercassivelaun n'a pas attaqué durement le prince Dumnorix avant notre intervention, c'est justement parce qu'il comptait sur elle. En plus d'éliminer son demi-frère, il voulait vaincre les légions de Rome pour affirmer sa puissance.

A la fin du printemps donc nos hommes étaient fins prêts, et les renseignements acquis. Nous avions apprit que les forces ennemies étaient divisées en trois. L'une dans un camp à Forum Fulvii à l'ouest de Dertonia, capitale économique du pays Anar. L'Usurpateur et ses cavaliers étaient localisés dans une vaste forêt aux portes de Clastidium, capitale historique, et la dernière partie dans l'oppidum de Camillomagus, près de la frontière Lingonne. Par contre, il nous était difficile d'estimer correctement leur nombre, et nous dûmes prendre quelques précautions.

Alors que l'été approchait, nous prîmes la décision de porter l'assaut principal au Nord Est du pays, à Clastidium. Notre objectif était la cavalerie adverse, et l'élimination de leur chef.

Mais il ne fallait pas qu'il reçoive des renfots de Forum Fulvii, et c'est pourquoi j'ai pris la décision de construire un camp dans la proximité du leur, afin de leur imposer notre présence et de couper leur ligne de communication. Le pari que nous avons fait était celui-ci: notre camp, sous le commandement de Spoleto Drissus, fils du sénateur Drissus, serait tenu par peu d'hommes: 600 légionnaires (100 cavaliers, 500 vélites), 500 gaulois, et quelques courageux civils qui complèteraient leur nombre afin de donner l'impression du nombre. Leur mission était de fixer l'attention des gaulois de Forum Fulvii, et de leur faire croire à un possible assaut.

Pendant ce temps là le reste de nos hommes faisaient leur adieux à Libarna et prenaient la direction du Nord, non sans avoir effectué avant une fausse manœuvre vers le Sud. Nous avions pris soins avant d'effectuer une solide offensive à l'égard de leurs éclaireurs, mais nous voulions mettre le maximum de chance de notre côté.

C'est ainsi qu'à la fin du printemps nos légions arrivèrent à mi-chemin entre Retovium et Clastidium, où nous fîmes aussi la jonction avec les cavaliers du Prince Brennus, la fine fleur de la cavalerie Boienne, semblables à mille fiers centaures tant ils semblaient ne faire qu'un avec leur chevaux.


Eté 354 : récit de la bataille de Clastidium

Je vais entamer maintenant le récit de la bataille de Clastidium où nous affrontâmes la cavalerie de Vercassivelaun, composée de l'élite parmi ses nobles.

L'alliance que nous formions avec le prince Brennus était maintenant réunie et nous avions une armée d'environ 15000 hommes. Cependant l'armée de Dumnorix était pour la majeure partie formée d'une infanterie légère, laquelle semblait n'avoir pas beaucoup d'expérience.

Nous savions que Vercassivelaun tenait la forêt de Clastidium que nous devions longer afin de parvenir à l'oppidum. Nous ne savions pas par combien d'homme la cité étaient tenue, et l'idée d'un siège nous paraissait inconfortable. Nous prîmes donc le parti de défaire avant tout la cavalerie adverse.

Cependant il paraissait peu crédible que l'Usurpateur quitte le confort de ces bois et leur protection pour affronter une armée cinq fois supérieure en nombre à la sienne et nous ne pouvions pas attendre qu'il reçoive des renforts venant de Camillomagus.

Il fallait donc faire sortir le loup des bois. Pour cela, une solution s'imposait. Il fallait jouer sur son orgueil et lui faire croire que nous avions confiance en nous. Il fallait se présenter vers Clastidium avec une petite avant-garde.

Conjointement avec le prince Dumnorix, nous prîmes la décision de partir en avant avec sa cavalerie, celle qui me restait de la légion Ferrata et 1500 légionnaires. Notre avant garde comptait donc environs 2200 hommes. Derrière, le reste de la légion Ferrata suivait, avec ordre de rester en retrait. Mes hommes devaient rester sous le couvert des collines et des bosquets afin de surprendre les cavaliers de Vercassivelaun. Encore plus loin venait la légion Gemini commandée par le légat Publicola, les fantassins du prince Dumnorix, et les cavaliers du prince Brennus qui eurent un rôle déterminant dans notre affaire.

Notre avant-garde prit donc le chemin de Clastidium qui serpentait entre les collines boisées, avec à main droite l'orée des bois où se terrait notre adversaire. Derrière nous, suivaient nos renforts. Nous avancions depuis déjà un bon moment sans voir d'ennemi, quand soudain sorti des bois une immense clameur, entremêlement du son de leurs étranges trompettes, du cris de défi de nos ennemis, et du hennissement de leurs chevaux. Un bon millier de cavaliers s'apprêtaient à fondre sur nous tandis que telle la gueule d'un monstre l'antique forêt vomissait sur nous des hordes de chevaux à n'en plus finir !

Tandis que l'Usurpateur lançait sur nous ses meilleurs cavaliers nos hommes rendaient honneur à la discipline de nos légions. Attendant le meilleur moment les archers déversèrent une pluie de traits sur le parti rebelle, alors que derrière se mettait en place un mur de boucliers et de pieux, que mes hommes avaient taillés la veille en vue de contrer ces féroces cavaliers. les archers se replièrent derrière cette protection dans le même temps qu'une ligne de vélites lançait ses javelots en tirs de barrage, ce qui contribuât à ralentir la charge ennemie.

Notre défense fût particulièrement efficace, et à l'arrière notre cavalerie tenait en échec les tentatives d'encerclement ! Devant cet échec ce premier groupe se replia pour laisser place à une deuxième vague qui déferlait sur nous avec rage et férocité. Le choc fut terrible qui ébranlât nos hommes ! Cependant ils ne plièrent pas. Nos cavaliers jouèrent encore un rôle de premier ordre, ainsi que ceux de Dumnorix. Parmi nos adversaire, ce dernier me montra le cimier de Vercassivelaun qui menait lui même cette seconde charge. Par dépit il se replia et nous vîmes venir sur nous un troisième assaut ! Mais Mars était avec nous, et nos hommes galvanisés par leur courage rejetèrent vers les bois les cavaliers désorientés.

Vercassivelaun, fou de rage, regroupait ses cavaliers dans la plaine pour les lancer tous ensemble sur notre petit parti. Nous profitâmes de leur désorganisation pour nous replier en ordre vers les collines où nos renforts nous attendaient. Et tandis que le prince félon ordonnait l'assaut, les hommes de la légion Ferrata prenaient place autour du fer de lance que nous formions.

Mais l'Impie connaissait son affaire, et la guerre était son métier ! Ses hommes formaient l'élite équestre de ses forces ! Il trouva hélas notre point faible et, évitant nos hastatis, lança deux groupes à l'attaque de mes vélites ! Pour la première fois dans la bataille la légion Ferrata était en difficulté et sans le sang froid de nos hommes l'affaire aurait pu être mal engagée. Nous résistâmes, rendant coup pour coup, nous cramponnant tant et plus pour ne pas perdre de terrain. C'est durant cette phase que nous connûmes le plus de pertes...

C'est alors qu'un grand tremblement parcouru la plaine de Clastidium tandis que le tonnerre se faisait entendre ! C'était le prince Brennus et ses fiers chevaux qui entraient dans la bataille, traçant leur chemin à grands coups d'épées ! Son action fut déterminante pour renforcer nos flancs affaiblis. Et pendant que les Boïens engageaient contre les Anars rebelles,je donnais ordre à mes légionnaires d'empêcher les manœuvres de nos adversaires.

Après un laps de temps que je ne saurais déterminer, les buccins sonnèrent, et des cors gaulois ! Sur les hauteurs des collines derrière nous apparut le légat Publicola et ses hommes. Il commandait aussi aux Gaulois de Dumnorix. Alors que les légionnaires de Gemini se portèrent devant l'ennemi dans un bel ordonnancement, les guerriers de Dumnorix déferlèrent dans une ruée anarchique.

Nos ennemis tremblèrent d'effroi ! Mais Vercassivelaun ne tenait pas à fuir ! Il rassemblait ses hommes, les exhortait au combat. Il connu alors sa fin sous les traits d'un immense Boien qui lui fit rendre gorge ! Ce fut alors la débandade dans les rangs des cavaliers adverse. Le sang se glaça dans leurs veines et, rompant le combat, ils tentèrent de trouver asile dans les murs de Clastidium ou de retrouver l'abri de leur bois !

le prince Brennus s'engagea à leur poursuite, mais la peur donnait des ailes à l'ennemi. Ceux qui ne purent arriver à Clastidium disparurent dans le cœur de ces bois et à cette heure ils doivent y être encore !

Alors que le soir s'annonçait et que le soleil nous réchauffait de ses derniers rayons,la victoire s'avérait double : la cavalerie adverse était défaite, et le prince illégitime nourrissait la terre de son sang royal.


Récit de la bataille de Camillomagus par le consulaire Fugitivus

Les hommes étaient épuisés, mes Ferratas tenant à peine debout. Alors, après avoir gagné le couvert des bois et établi un campement élémentaire, nous attendîmes la nuit afin de gagner un repos plus que mérité.

Le lendemain, la matinée naissante nous fit une belle surprise. Reconnaissant notre supériorité, les notables de l'oppidum venaient se ranger à notre cause. Cela fut facilité du fait de la fuite, durant la nuit, des cavaliers de Vercassivelaun qui s'y étaient réfugiés.

Le prince Dumnorix put donc retrouver le palais de son père, et nous accueillir comme il le fallait. Le sénateur Flavius nous fit découvrir l'endroit du meurtre du Noble Damarys, cousin de l'archonte de Massalia, qui paya de sa vie la protection qu'il avait offert à notre ambassadeur.

A l'abri des murs de l'oppidum, nous pouvions commencer la dernière phase de notre campagne. Il fallait défaire le général Menaum, qui jouissait toujours de son prestige hors du commun. L'affaire n'allait pas être facile. En effet ce dernier n'avait plus rien à perdre, c'était un stratège remarquable, et maintenant que Vercassivelaun avait péri les espoirs du parti rebelle s'étaient reporté sur lui .

Leur camp étant repéré à Camillomagus, nous envoyâmes au plus vite des éclaireurs s'enquérir de leurs forces. Ces derniers revinrent non sans avoir subit des dégâts. Selon leur estimation, au moins 5000 hommes s'apprêtaient à nous combattre, et surtout, à nous tendre une embuscade, sur la route de Camillomagus, laquelle passait à travers une forêt. De surcroit, il savait que nous avions éventé cette première ruse.

Nous prîmes alors ce parti : le prince Dumnorix à la tête de ses hommes se présenterait le lendemain devant la forêt, avec le légat Publicola et la légion Gemini. Avec la légion Ferrata et un complément de vélites, je contournerais les bois afin de prendre Menaum à revers. Et enfin, le prince Brennus accompagné de ses cavaliers et de ceux de nos légions (pas moins de 1600 chevaux pour le tout !) attendrait à égale distance entre nos deux forces, afin d'intervenir où le combat serait le plus rude. Le sénateur Flavius était chargé de faire la liaison entre nos troupes, et le sénateur Petronius accompagnait le légat Publicola.

Je ferais pour ma part le récit de "la bataille de Camillomagus" et laisserais le consulaire Publicola rapporter les combats qui menèrent le Général Menaum à sa fin.

Je pris donc le parti de contourner par le Nord, pour longer et me poster au revers des positions que nous supposions aux hommes de Menaum. Nous approchions de notre but avec le dessein de couper la route des félons lorsqu'ils tenteraient, sous la poussée conjointe du consulaire Publicola et du Prince Dumnorix, de rejoindre les murs de Camillomagus.

Toutefois, les dieux en décidèrent autrement et, je ne sais par quelle ruse ou quel charme, Menaum eut vent de notre stratégie ! C'était un vieux loup rompu à la guerre sous toute ses formes, et il était bien décidé à nous tenir à la gorge !

Alors que nous nous apprêtions à prendre place surgirent de toutes part des bois environnants des milliers de guerriers vociférants, et leurs trompettes retentissaient de sons discordants ! Ils sortaient de l'ombre comme si par magie les arbres avaient pris vie, et leur vue donnait l'impression d'une forêt humaine aux branches acérées !

Le piège se refermait.

A peine le temps de lancer une prière à Mars que l'assaut était lancé ! le ciel s'obscurcit soudain d'une masse noire de javelots que nous contrâmes d'une levée de boucliers. Ils étaient notre unique rempart, comme les flancs d'un navire sont l'unique protection du marin surprit par la tempête. Mais le bois était solide, et mes légionnaires expérimentés. Et c'est donc soudés que nous affrontâmes les premières déferlantes, marée humaine se ruant à l'assaut du vaisseau Ferrata !

Mes légionnaires s'arcboutèrent sur les longs pieux dont nous comptions nous faire une protection. Mes hastatis sentaient la terre frémir de la charge des lourds guerriers gaulois harnachés de fer et aux lames menaçantes ! Sur nos flancs les vélites ripostèrent d'une salve de javelots puis ils serrèrent leur rangs afin que nul ne franchisse nos lignes.

L'impact fut terrible ! De toute parts les Anars menaçant tentaient de percer nos lignes, se jetant, se fracassant contre nos boucliers et nos pieux ! C'étaient comme s'ils se sacrifiaient à leurs dieux obscurs cherchant la mort comme une récompense ! Et dès que l'un tombait, deux le remplaçaient encore plus féroces !

Si mes lourds hastatis ne pliaient pas, fiers fils de Mars, la situation sur nos flancs nous posa rapidement problème ! A gauche, mes vélites tombaient sous l'impact de leurs lances et quand les gaulois se jetèrent sur eux dans une ruée anarchique, ils réussirent à s'infiltrer dans nos lignes affaiblies ! Et si à droite mes légionnaires résistèrent mieux, la situation restait ténébreuse ! Autour de nous les bois semblaient plein d'un vomissement de haine, comme si jamais le flot de nos ennemis ne devait se tarir !

Mais malgré nos pertes, le navire tenait flot ! Et à ce jour je dois dire que sans le courage et la discipline de mes hommes, les champs de Camillomagus nous auraient engloutis!

Durant le combat, j'ai perdu la notion du temps, comme si Saturne à l'humeur vengeresse nous avait pris dans son labyrinthe ! Mais quoiqu'il en soit, il nous fallait tenir ! Je fis sonner les buccins pour qu'à des milles à la ronde chacun fut au courant que la bataille était engagée !

Autour de nous le sol n'était plus qu'une boue faite de terre et de sang mêlé ! les corps mutilés s'entassaient en forêt abattue, le râle des mourants se confondant au cri des guerriers. Les bras se levaient et retombaient par automatisme, glaives et épées fauchant leurs moissons sanglantes. Malgré les pertes que nous subissions nous tenions bon portés par une seule idée : résister ! J'exhortais les hommes dans ce sens ! "Tenez bon, resserrez les rangs!" Que Mars me sois témoin ! Ce jour là, dans les prés de Camillomagus, aucun des notre ne songea à fuir !

Mais la situation parlait contre nous. Malgré les pertes terribles que nous leur faisions, les meilleurs d'entre eux sombrant engloutis par la boue, le nombre était en leur faveur ! Ils voulaient lire dans nos entrailles les jours de gloires qui viendraient s'ils arrivaient à décapiter les aigles de Rome. A ce moment là mes pensées allèrent à mes hommes qui m'avaient suivi sans faille.

Nous avions resserrés nos rangs, les hommes en premières lignes laissant place à leurs compagnons plus frais ! Nous lancions nos ultimes forces dans la bataille !

C'est le moment que Mars choisit pour répondre à notre prière ! Il pouvait être fier de ses fils le Vengeur ! Et devant notre sang versé, sa réplique fut sans appel ! Piaffements et hennissements ! Sabots grondants ! En place de nos ennemis sorti des bois une cavalcade retentissante! Brennus fils de Cauderix roi, Brennus le prince des Boïens arrivait ! Nos cavaliers le suivaient, transfigurés par la rage qui les habitait ! Boïens et Romains parlant le même langage des armes, ils s'abattirent comme une nuée sur les flancs des rebelles qui, figés de stupeur, ne purent que se rendre à une cruelle évidence : Leurs dieux les avaient abandonnés !

Nos bras retrouvèrent une énergie nouvelle tandis que la peur s'infiltrait dans leur rang. Quand Brennus l'Intrépide chargea les rangs des guerriers lourds de Menaum. L'homme sans espoir affronte son destin de deux manières différentes: soit en lui faisant face, soit en lui tournant le dos. C'est le choix que firent nombre des rebelles qui fuirent sans demander leur reste ! Mal leur en prit... Car ils tombèrent par centaine ceux qui ne virent pas venir le coup ultime.

Pourtant, malgré notre victoire, la guerre n'était pas achevée. Car plus à l'ouest se livrait une autre bataille...


Récit de la bataille de Camillomagus par le consulaire Publicola

Si le consulaire veut que je raconte la bataille contre Menaum alors je m'y appliquerais.

Mars est d'humeur maligne et ses pensées nous dépassent : la mise à l'épreuve de cette campagne en est une belle illustration. Nous allions avec mes troupes en direction de la légion du consulaire Fugitivus comme il était convenu lorsque nous voyons un cavalier téméraire entre la vie et la mort arriver vers nous. Ce cavalier qui était le sénateur Flavius nous explique qu'il a été pris dans un piège. Devant l'imprévisibilité de la situation je renforce mes troupes pour leur assurer une défense sûre : dans une forêt il est si simple de tomber dans un piège. De plus nous étions pressé par les cors de nos amis et nous n'avions qu'une envie aider nos amis. Nous décidions de presser le pas. Lorsque nous apercevons les troupes de Menaum, je pris la décision de contourner ces troupes pour aider nos amis.

La situation était difficile à évaluer, dans une foret sur une colline surélevée, le nombre incertain. Tout jouait en notre défaveur. Une joute verbale entre Menaum et le prétendant changea le cours des choses. Ce discours qui a l'air si familier pour ces barbares ne saurait être prononcé en cette noble assemblée. Essayant de ramener à la raison notre allié, celui-ci avait déjà foncé avec ses cavaliers sur les ennemis. Seulement lors de cette chevauchée, il s'est avéré que les troupes étaient en nombre insuffisant pour affronter nos hommes. Lorsqu'on m'informa de cet état de fait avec mes vélites nous portons le coup final en entreprenant un long mouvement tournant malgré la difficulté du terrain. Après une succession de manœuvres est advenu ce qui est advenu : l'effondrement des troupes adverses, et la peur s'empara des lignes adverses. Puis voyant Menaum s'enfuir, le prince court a sa poursuite et peut de temps après un cavalier me le montre en signe de victoire.

Mais pas de repos car notre ami est toujours avec son cor, nous rappelant que le sort glorieux de notre victoire n'est peut-être pas arrivé de l'autre coté. Je presse le pas et malgré la difficulté lorsque j'arrivais tout était fini et la première action était de retrouver le consulaire.

Voici le récit des faits tels qu'ils se sont passés.


Fin de la campagne, considérations sur les pertes

La fin sanglante de Menaum sonnait la fin de notre campagne militaire... Une année et demie durant laquelle nos hommes ont beaucoup donné, et qui les vit se transformer en armée aguerrie. Mais cette guerre ne fut pas sans laisser des traces. De Libarna à Camillomagus, nombreux sont les braves qui tombèrent au champ d'honneur.

Sur les 10 000 qui vinrent avec moi, 2458 ne revinrent pas.

J'ai vécu avec ma légion Ferrata des combats intenses et c'est eux qui formèrent l'ossature de notre coalition. Ils portent bien leur nom, les "fers de lances". Ils ont aussi payé le plus lourd tribut, sans jamais se plaindre. Leurs pertes s'élèvent pour l'ensemble de la campagne à 93 cavaliers,730 hastatis et 960 vélites soit 1783 hommes.

Les légionnaires de Gemini furent un renfort précieux. Sans leur aide, le Prince Dumnorix aurait eu du mal à se défaire du général Menaum et de ses guerriers lourdements armés. leurs pertes s'élèvent à 100 cavaliers, 41 hastatis et 531 vélites, soit 672 hommes.

Quand à nos ennemis, leurs pertes furent énormes. A la bataille de Clastidium, 1000 de leurs cavaliers périrent et nombreux furent ceux qui désertèrent leurs rangs pour ne plus nous combattre par la suite.

A la bataille de Camillomagus, mes officiers ont estimé leurs mort à environs 2280 hommes, avant que nos cavalerie ne prennent les fuyards en chasse. J'estime que les troupes conjointes du légat Publicola et du prince Brennus ont défait entre 800 et 900 rebelles. Soit environ 3130 hommes, auxquels il faut rajouter ceux qui succombèrent lors de leur fuite. Je pencherais pour un total de 5000 hommes.

Oui, ce jour là nombreux sont les guerriers qui sont tombés sur la plaine des asphodèles...