Massalia

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Sommaire

Introduction

Massalia est une colonie grecque fondée voilà plusieurs siècles par des Phocéens. Elle s’est affranchie de son port d’origine et est devenue indépendante.


Géographie

C'est la plus occidentale des citées grecques, et la plus septentrionale aussi. Située sur la côte gauloise, un peu à l'est du grand fleuve Rhodanus (le Rhône). Elle est isolée au milieu de tribus gauloises. Les Salliens à l’ouest et au nord, et les Cavares un peu plus au nord (et au nord des Cavares se trouvent les Voconces) et les Ligures à l'est. Le territoire de Phocée se résume à la ville. Le gros problème massaliote est le manque de place. La population grandissait mais pas la superficie de la ville.

En termes de population, la cité avait le quart de la population de Rome. C'était donc déjà une cité importante. Néanmoins, l’épidémie de 368 aurait fait 175.000 morts dans la Cité. Ce qui aurait fameusement réduit les prétentions massaliotes à devoir s’étendre.


Activité économique

La ville est tournée vers le commerce, que ce soit vers la mer ou vers l'intérieur de la Gaule. Son port est sa véritable force. C’est le seul port décent entre les Alpes et les Pyrénées.


Puissance militaire

La puissance militaire de Massalia est relativement réduite. Massalia dispose d'une seule légion d'hoplites ainsi que de plusieurs milliers de marins. Ces deux corps de l'armée phocéenne ne sont actifs que la moitié d'une année. Une demi légion en automne et hiver, l'autre en été et printemps... De même pour les membres de la marine. Elle a pu aligner 10.000 hommes lors de sa dernière guerre.

La flotte commerciale et militaire massaliote est estimée à 250 navires.

La Cité est à l’abri derrière de puissantes murailles qui l’ont protégée de plusieurs sièges.


Histoire

Contexte plus ancien

Fondée par des Phocéens, Massalia est une cité grecque qui occupe une position isolée. Cette position isolée est à la fois sa faiblesse et sa force. Sa faiblesse car Massalia, sans réelle assise territoriale, n'a pas les moyens d'assurer sa sécurité. Sa flotte ne suffit pas à lutter contre celle des deux grandes puissances de cette région, Carthage et Rome. Par ailleurs elle ne peut lever habituellement que 20.000 soldats d'une qualité honnête sans plus, ce qui est insuffisant contre les deux puissances précitées, mais surtout contre ses voisins gaulois. Sa force car cette position isolée en fait la seule tête de pont de la civilisation vers la Gaule, et le seul port décent entre les Alpes et les Pyrénées. Au croisement des zones d'influences carthaginoises et romaines, et de la civilisation et de la barbarie, elle a donc une position de pivot, dont elle use intelligemment. Cette position isolée a aussi contribuée à créer chez les Massaliotes un esprit d'indépendance peut commun, qui en fait une alliée peu docile et un adversaire incroyablement tenace pour Rome et Carthage.

Pour s'adapter à sa position originale et assurer sa sécurité et sa prospérité, Massalia a donc du mettre au point diverses stratégies. Pour assurer sa sécurité, elle a très tôt réalisée d'importants travaux de fortifications. Ses murs épais lui ont permis de soutenir plusieurs sièges, dont la très rude attaque des mercenaires du traître Andronicus au début des années 330, ainsi que le long blocus de 20 ans par la flotte carthaginoise, qui se termina fin des années 340-début 350..

Pour contrebalancer la faiblesse de son armée, elle a aussi très tôt signée une alliance avec Rome. Depuis le début du siècle, cette dernière lui fournit dont d'importants renforts, au prix souvent d'immenses sacrifices. Des dizaines de milliers de Romains sont morts dans la campagne contre Andronicus (qui concernait aussi la sécurité de Rome, il est vrai). La campagne contre les Ligures de la fin des années 310 a entraîné de sanglants raids gaulois jusqu'aux portes du Latium.

Depuis 320, Massalia travaille activement à l'amélioration de ses relations avec ses voisins gaulois. Elle a ainsi normalisé ses relations avec les Ligures qui avaient tenté de l'envahir. C'est aussi des Gaulois qu'est venu la victoire finale sur les mercenaires d'Andronicus, après l'échec des légions romaines. Ainsi, au lieu d'être une tête de pont isolé en milieu hostile, elle pouvait espérer compter sur l'aide intéressée de ses voisins qu'elle a enrichis, si elle devait à nouveau se trouver assiégée.

Histoire récente

La relation entre Rome et Massalia a alors été en hibernation pendant de longues années.

En l’année 364, les consuls Poussinus et Verus nomment Lucius Vanstenus, frère du Censeur Julius Vanstenus Sanctus, ambassadeur à Massalia. Ce nouvel ambassadeur est chargé de relancer les relations avec cette cité.

En 364, la cité est dirigée par l’archonte MOULIKOS PATOS, qui a succédé à l’archonte DEMETRIOS. Apprécié des nobles massaliotes et jouissant d'une assez bonne réputation auprès du petit peuple, il est ambitieux, voire expansionniste. Il n’est pas ou peu pro-romain. La cour massaliote se découpe alors en 4 courants, dont un très majoritaire : - 70% des nobles seraient du même courant que l'archonte et prônent l'expansion du territoire de Phocée et, par conséquent, ne sont pas très pro-romains vu les tentatives précédentes de Rome de transformer Massalia en protectorat romain. - 15% des nobles prônent une politique étroite et alliée totale entre Rome et Massalia... Mais le courant s'épuise. - 10% appartiennent à un courant qui se développe quelque peu, à savoir un courant pro-punique ! - 5% le parti neutre.

Ce détournement vis-à-vis de Rome a encore été renforcé en 365, à partir du moment où Rome a dénoncé unilatéralement le traité qu’elle avait avec Massalia. Après d’âpres débats au Sénat et dans les rues de Rome, le parti pro-abrogationniste l’a emporté sur le parti pro-maintien des relations avec Massalia. L’ambassadeur Vanstenus a porté la nouvelle à l’archonte Moulikos.

Massalia a alors été renforcée dans ses choix de ne pas pouvoir compter sur Rome. Elle a développé la politique expansionniste voulue par l’archonte Moulikos pour sortir Massalia de ses murs dans lesquels elle étouffait, en provoquant une guerre contre les peuples gaulois voisins que sont les Salliens et les Cavares. Alliée aux Gaulois Voconces, eux-mêmes très expansionnistes après la conquête du pays des Caturiges, Massalia a débuté les hostilités en 367. On estimait qu’allaient s’affronter environ 25.000 Massalio-Voconces et 12.500 Salliens et Cavares. Le rapport de force était manifestement en faveur des Massaliotes.

La guerre a duré l’année 367 et a été ralentie par l’épidémie qui a frappé le continent en 368. A ce moment du conflit, le rapport de force serait tombé à 11.500 hommes du côté massaliote contre 7.700 hommes côté sallien. C’est à ce moment-là, en 369, que le nouveau roi Silvère des Ligures, aidés par les Insubres, soit une armée de près de 10.000 hommes est venue au secours des Salliens et des Cavares. Après avoir écrasé les Voconces, le Roi Silvère s’est tourné contre les Massaliotes qui ont été vaincus également. L’archonte Moulikos Patos a été tué dans la bataille.

Les négociations pour la paix ont pu avoir lieu entre les 4 peuples vainqueurs (Ligures, Insubres, Salliens et Cavares) contre les 2 vaincus (Massaliotes et Voconces). Un traité de paix a été accepté par toutes les parties. Il est le suivant : - Un traité de paix et des traités commerciaux sont signés entre les 6 parties en présence. - Massalia paie aux Salliens et aux Cavares une somme de 36 M. d'as, payable en 3 ans, pour moitié à chaque tribu. (La négociation a débuté à 55 M. d'as). - Massalia dédommage la Ligurie par le don de 50 bateaux de commerce. Les bateaux seront donnés en 3 ans. - Le Roi Noox des Voconces abandonne le pays des Caturiges aux Insubres, avec leur cité principale d'Eburodunum.


L’archonte MOULIKOS ARKOS, nommé pour succéder à Moulikos Patos, a signé ce traité pour Massalia. Il a été remplacé dès l’année suivante par un nouvel archonte, l’archonte ATOS MARBISOS. Massalia a honoré le traité et a payé ce qu’elle devait aux peuples gaulois.

A la suite de ce conflit et de la nécessité pour Massalia de se reconstruire, appauvrie par la guerre et par l’épidémie, l’influence punique s’accroît. Le commerce avec Carthage est en pleine expansion et un traité commercial a été signé en l’an 376 ou 377. Massalia n’a actuellement pas les moyens de fermer ses portes au Suffète Hannibal.


Lucius Vanstenus, Ambassadeur à Massalia, Hiver 377.